Une revue de questions (Delgado-Morales & Esteller, 2017 ; disponible sur ce lien) vient de paraître concernant les processus neuroépigénétiques impliqués dans les principales maladies neurodégénératives (maladies d'Alzheimer et de Parkinson, démences à corps de Lewy et fronto-temporales). Celles-ci sont considérées par les auteurs comme émergeant d'un spectre de troubles cognitifs. Ils rappellent que l'âge est le facteur de risque le plus important pour ces maladies. En conséquence de cause, leurs incidences respectives vont se majorer avec l'accroissement de l'espérance de vie.
Par exemple, l'accumulation de béta-amyloïdes censé être un indicateur de maladie d'Alzheimer est aussi observée dans la démence à corps de Lewy. Il en est de même pour l'hyperphosphorylation de la protéine Tau et l'inclusion d'alpha-synucléine retrouvées dans la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy !
En quoi est-ce étonnant ?
Nous sommes bien loin de la facile et nette distinction entre pathologies sur la base moléculaire ! C'est pour ça que les autopsies post-mortem trouvent autant de mixité moléculaire ! Malgré leurs différences sur le plan clinique, elles ont en commun des altérations au niveau moléculaire. C'est à dire que le processus pathologique est identique dans un premier temps et qu'il diverge et se spécifie au fur et à mesure de la progression de la maladie. L'hypothèse retenue par les auteurs (LEARn) est que des altérations épigénétiques au cours de la vie pourrait perturber la transcription à long terme de certains gènes. Le cumul de ces altérations serait comme une graine des maladies neurodégénératives.
Et puis quoi encore ?
Comme dans beaucoup d'étude, il faut poursuivre les recherches. Et bien poursuivez car c'est passionnant !
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Sources :
Delgado-Morales, R., & Esteller, M. (2017). Opening up the DNA methylome of dementia. Molecular Psychiatry, 22, 485-496.
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jeudi 30 mars 2017
lundi 20 juin 2016
Etiologie génétique du névrosisme
L'équipe dirigée par Smith, Escott-Price & Davies ont sorti une étude dont l'objectif était d'identifier les gènes en lien avec le névrosisme (trait de personnalité dont les deux pôles sont la vulnérabilité aux affects négatifs et la stabilité affective). Les auteurs de l'article (en accès libre sur ce lien) précisent que les personnes souffrant de trouble dépressif caractérisé, de trouble anxieux, d'addiction, de trouble de la personnalité et de schizophrénie ont un névrosisme élevé sur les échelles de personnalité.
Ils ont passé à la moulinette statistique les dossiers de plus de 100 000 personnes et leur ont demandés de répondre à 12 questions évaluant le névrosisme (issues du mini-questionnaire révisé d'Eysenck - EPQ-R-S) :
Il ressort des analyses statistiques que 9 loci (emplacements sur un chromosome) sont associés à ce trait, le tout sur les chromosomes 1, 3, 4, 8, 9, 17 et 18. Sont particulièrement associés au névrosisme :
Cette étude est enfin un argumentaire pour que des critères biologiques soient davantage impliqué dans les systèmes de classification diagnostique en psychiatrie.
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Sources :
Roy, J. (1889). La grande névrose [première de couverture héliogravure]. In. J. Gerard (auteur), La grande névrose. Paris: Marpon.
Smith, D. J., Escott-Price, V., Davies, G., Bailey, M. E. S., Colodro-Conde, L., Ward, J., Vedernikov, A., Marioni, R., Cullen, B., Lyall, D., Hagenaars, S. P., Liewald, D. C. M., Luciano, M., Gale, C. R., Ritchie, S. R., Hayward, C., Nicholl, B., Bulik-Sullivan, B., Adams, M., Couvy-Duchesne, B., Graham, N., Mackay, D., Evans, J., Smith, B. H., Porteous, D. J., Medland, S. E., Martin, N. G., Holmans, P., McIntosh, A. M., Pell J. P., Deary, I. J. & O'Donovan, M. C. (2016). Genome-wide analysis of over 106 000 individuals identifies 9 neuroticism-associated loci. Molecular Psychiatry (21), 749–757; doi:10.1038/mp.2016.49; published online 12 April 2016.
Ils ont passé à la moulinette statistique les dossiers de plus de 100 000 personnes et leur ont demandés de répondre à 12 questions évaluant le névrosisme (issues du mini-questionnaire révisé d'Eysenck - EPQ-R-S) :
- Does your mood often go up and down?
- Do you ever feel 'just miserable' for no reason?
- Are you an irritable person?
- Are your feelings easily hurt?
- Do you often feel 'fed-up'?
- Would you call yourself a nervous person?
- Are you a worrier?
- Would you call yourself tense or 'highly strung'?
- Do you worry too long after an embarrassing experience?
- Do you suffer from 'nerves'?
- Do you often feel lonely?
- Are you often troubled by feelings of guilt?
Il ressort des analyses statistiques que 9 loci (emplacements sur un chromosome) sont associés à ce trait, le tout sur les chromosomes 1, 3, 4, 8, 9, 17 et 18. Sont particulièrement associés au névrosisme :
- GRIK3 : code pour les récepteurs kaïnates réagissant au glutamate, neurotransmetteur qui a une fonction excitatrice,
- CELF4 : code pour une protéine qui régule les excitations neuronales,
- CRHR1 : code pour les récepteurs de l'hormone corticotrope qui intervient dans les réponses endocrinologiques, immunologiques et comportementales au stress,
- MAPT : code la protéine Tau permettant la stabilisation des microtubules elles-mêmes responsable de transmettre le produit du neurone au sein des axones et dendrites,
- KLHL2 : code une protéine de liaison de l'actine qui joue un rôle dans la contraction musculaire mais qui serait associée aux récepteurs de pentraxine neuronale (une autre protéine ayant pour rôle l'absorption des macromolécules synaptiques ainsi que dans la plasticité synaptique),
- Avec prudence : PTPRD : code pour des récepteurs de la tyrosine phosphatase qui joue l'organisateur des synapses et participe à leur plasticité.
Cette étude est enfin un argumentaire pour que des critères biologiques soient davantage impliqué dans les systèmes de classification diagnostique en psychiatrie.
Ah ! Ils sont forts les salauds !
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Sources :
Roy, J. (1889). La grande névrose [première de couverture héliogravure]. In. J. Gerard (auteur), La grande névrose. Paris: Marpon.
Smith, D. J., Escott-Price, V., Davies, G., Bailey, M. E. S., Colodro-Conde, L., Ward, J., Vedernikov, A., Marioni, R., Cullen, B., Lyall, D., Hagenaars, S. P., Liewald, D. C. M., Luciano, M., Gale, C. R., Ritchie, S. R., Hayward, C., Nicholl, B., Bulik-Sullivan, B., Adams, M., Couvy-Duchesne, B., Graham, N., Mackay, D., Evans, J., Smith, B. H., Porteous, D. J., Medland, S. E., Martin, N. G., Holmans, P., McIntosh, A. M., Pell J. P., Deary, I. J. & O'Donovan, M. C. (2016). Genome-wide analysis of over 106 000 individuals identifies 9 neuroticism-associated loci. Molecular Psychiatry (21), 749–757; doi:10.1038/mp.2016.49; published online 12 April 2016.
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