"Vous êtes venu combien de fois ce matin ?
- Une seule fois Madame, vous étiez à la toilette, j'ai poursuivi mes visites et maintenant que vous êtes prêtes je viens vous voir à nouveau.
- C'est fou, je vous ai entendu trois fois. Je me suis dit, le pauvre, il est passé trois fois, il ne va pas revenir aujourd'hui."
Cette dame souffre de paramnésies, c'est à dire d'impressions de déjà-vu, déjà-vécu à différents moments de la journée et ce, depuis qu'elle est en chambre individuelle. Elle est très préoccupée par ce symptôme qui n'est d'ailleurs précédé d'aucun signe épileptique. Au MMSE elle obtient un score pathologique eu égard à son niveau d'étude et son âge. Deux médecins certifient qu'il n'y a aucun effet iatrogène. Inquiet par rapport à cet état, je demande que soit réalisé une TDM cérébrale. Cet examen met en évidence des calcifications bilatérales des noyaux gris centraux, des lésions de leucoaraïose péri-ventriculaires et des deux centres semi-ovales et d'une dilatation modérée du système ventriculaire. Le médecin annonce à la patiente que le scanner est normal étant donné son âge ; un second, gériatre, précise qu'il s'agit de lésions conséquentes à de petits AVC.
Du côté de la patiente, nous avons comme devise "je veux vivre" qui est dit de manière lancinante. Elle n'est pas dans une démarche diagnostique de ses troubles cognitifs d'autant plus qu'elle lutte contre une autre maladie invalidante et évolutive afin de maintenir le maximum d'autonomie possible. Enfin, après plusieurs entretiens passés avec elle, il s'avère que les paramnésies ne se manifestent pas lors de ses permissions (sorties à domicile). Elles apparaîtraient lors de moments de solitude et seraient probablement en lien avec son état dépressif.
En résumé, que faut-il faire ?
Ecouter la patiente et sa volonté de vivre plutôt que sortir l'arsenal de tests neuropsychologiques trop rapidement. D'autant plus qu'il n'y pas besoin de se précipiter !
______________________________________________________________________
Sources :
Prud'hon, P. P. (entre 1758 et 1823). Mnémosyne [huile sur bois]. Paris: musée du Louvre.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Interagissons !